L’Église MaroniteÂ
Les Maronites sont les chrétiens qui se sont groupés autour d’un prêtre, Maron (ou Maroun), et qui ont adopté son mode de vie.
Maron a vécu près d’Antioche, vers la fin du 4e siècle. L’Eglise alors était divisée. Des chrétiens affirmaient que l’homme Jésus était Dieu ; d’autres ne reconnaissaient que son humanité. Certains voyaient en lui deux natures ou deux volontés; d’autres n’en voyaient qu’une. Les villes étaient divisées, les villages aussi. Ces divisions atteignirent même les familles. Maron quitta la ville, s’installa sur la montagne pour être à l’écart des controverses théologiques et adorer Dieu.
Les disciples de saint Maron augmentèrent en nombre. Ils prirent son nom et se nommèrent Maronites. Maron est mort en 410. Ses disciples continuèrent sa mission. En 451, au Concile de Chalcédoine, ils se tiennent à des positions claires et avec le Concile, ils soutiennent que le Christ est Dieu et homme à la fois, ayant deux natures: divine et humaine. Ils agissent en défenseurs intraitables du Concile. C’est alors que les ennemis du concile de Chalcédoine devinrent les ennemis des Maronites, qui donnèrent 350 martyrs.
En 636, la région fut conquise par les Arabes musulmans et les patriarches se réfugièrent à Constantinople. Les maronites se cachèrent dans les montagnes du Liban. A ce moment commença véritablement leur histoire.
L’Église maronite est une des Églises catholiques orientales. Le chef de l’Église porte le titre de Patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient. De toutes les Églises orientales, l’Église maronite est la seule qui soit entièrement catholique.
Les Patriarches n’ont bâti ni grandes églises, ni châteaux. Ils n’ont laissé ni œuvres d’art ni universités. En revanche, ils ont pu veiller à la suite des apôtres sur leur troupeau, comme les parents veillent sur leurs enfants, et leur apprendre tout ce que le Seigneur nous a appris. Leur plus grande œuvre: un peuple croyant. Il bénit quand il est insulté, il supporte quand il est persécuté et quand il n’en peut plus, il porte le flambeau et passe d’un endroit à un autre.
Ayant vécu à l’écart, dans un blocus qui a duré plus de trois siècles, les Maronites ont été coupés du monde. Les Croisés ont été surpris de les découvrir à leur arrivée en Orient. Le Saint-Siège a été surpris à son tour en apprenant leur existence, alors qu’il croyait que les Maronites avaient disparu. Les relations entre les Maronites et les Croisés se sont davantage consolidées, surtout après la venue de saint Louis IX, roi de France, en Orient.
Au 13ème siècle, le Liban connut une certaine paix. Les Maronites se mirent à bâtir des églises. Après le retour des Croisés dans leurs pays, les Mamelouks attaquèrent les Maronites. Ils les humilièrent, brûlèrent leurs églises, saccagèrent leurs villages…  Rappelons nous comment au début de l’Eglise, « une violente persécution se déchaîna contre l’Eglise de Jérusalem. Tous, à l’exception des Apôtres, se dispersèrent dans les campagnes de Judée et de Samarie… Ceux-là qui avaient été dispersés s’en allèrent de lieu en lieu en annonçant la parole de la Bonne Nouvelle » (Actes, 8/2.4). Ce phénomène que les premiers chrétiens ont vécu à Jérusalem, les Maronites l’ont vécu eux aussi au Liban. Ils ont émigré dans tous les pays, au cours de différentes périodes, et ont porté partout le message de saint Maron. Les Maronites dans la diaspora, au nombre de 4 millions, jouent un rôle culturel sur le plan mondial et rencontrent un net succès. Gibran Khalil Gibran, célèbre pour son livre  « le Prophète »  en est l’exemple le plus frappant. Mais ils n’oublient pas qu’ils ont laissé le Liban meurtri. Ils travaillent pour lui et l’aident moralement et financièrement, en attendant d’y revenir. Ils ont fait de la diaspora un phénomène positif. Ils sont un peuple qui ne meurt pas.
Les Maronites constituent la plus importante communauté chrétienne du Liban. Ils occupent une place importante dans l’histoire, la politique ou l’économie du Liban. Le poste de Président de la République libanaise est occupé par un maronite depuis l’indépendance du pays en 1943. Au parlement libanais (50% de chrétiens et 50% de musulmans), les Maronites disposent de 34 sièges réservés sur 128.
Le syriaque (araméen) est la langue liturgique de l’Eglise maronite. A cause des persécutions dont ils ont fait l’objet,les maronites n’ont pas donné un rôle important à l’iconographie. On dispose de quelques miniatures syriaques qui datent de 6ème siècle (Évangile de Rabula), et d’une seule icône maronite, c’est l’icone de Notre Dame d’Ilige.Â
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